«Nous avons tous le droit d’avoir une vie personnelle et c’est à la direction de déterminer cette limite».
Vincent Perron
Directeur de l’école Paul-Gérin-Lajoie-d’Outremont
Quel est votre parcours professionnel?
J’ai été enseignant à l’école Saint-Laurent pendant vingt ans, adjoint à Pierre-Laporte (avec un intérim comme directeur), puis directeur de l’école des Amis-du-Monde; je suis directeur à Paul-Gérin-Lajoie-d’Outremont depuis deux ans.
Comment accueillez-vous les nouvelles directions?
J’aime le travail d’accompagnement des nouvelles directions. Ma posture de pédagogues est mise à contribution. En début de carrière, j’ai d’ailleurs bénéficié du support de René Bernier qui était un exceptionnel pédagogue. Je leur apprends à doser les dossiers, je les écoute et les conseille. J’organise des rencontres ponctuelles, prévues ou imprévues. Je les aide à apprivoiser la gestion des données, à développer des habiletés et à adopter la bonne posture. Je leur enseigne comment déléguer, coordonner, gérer les priorités, organiser leur horaire, à gérer les rencontres, etc.
Qu’est-ce qui vous plaît dans la direction d’établissement?
Je ne travaille pas directement avec les élèves, mais j’ai tout de même le sentiment d’avoir un impact sur la réussite. Je peux déployer ce qui est nécessaire à la réussite d’un élève et effectuer un suivi dans le temps, alors qu’un enseignant ne voit généralement l’élève que pendant une année. C’est un travail de tête et de cœur. J’ai la capacité d’identifier des problématiques et d’amener les solutions.
Quel est votre projet des derniers mois dont vous êtes le plus fier?
Je suis fier de ma posture de mobilisation, ce qui est d’ailleurs une compétence d’enseignant. J’ai la chance de peaufiner la structure de l’école, d’améliorer la sécurité et l’organisation à partir de ce qu’ont fait mes prédécesseurs.
Comment se vit la conciliation travail/vie personnelle?
Il faut tracer une ligne entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle. Le soir et la fin de semaine, je ne traite pas de courriels et je n’en envoie pas, ou sinon ce sont des envois différés. C’est d’ailleurs clairement dit. De cette façon, les gens comprennent aussi que je ne m’attends pas à ce qu’ils travaillent le soir ou les jours de congé. Nous avons tous le droit d’avoir une vie personnelle et c’est à la direction d’enseigner cette limite. Si tu travailles la fin de semaine, tu ne priorises pas les bonnes choses. Il faut trouver l’équilibre, car nous sommes souvent notre pire ennemi.
Quelles méthodes/stratégies employez-vous pour gérer les responsabilités quotidiennes, tout en préservant du temps pour vous-même et vos proches ?
J’établis les priorités pour l’année et j’accepte que certains dossiers soient traités l’année suivante. Mes journées sont planifiées un mois à l’avance et je respecte le temps des rencontres. Pendant une rencontre, je ne suis pas disponible.
La gestion des imprévus semble être un élément clé pour maintenir l’équilibre entre travail et vie personnelle. Quelles techniques utilisez-vous pour garder ce stress sous contrôle ?
Il n’y a pas tant de véritables urgences, j’entends par là un enjeu de sécurité immédiat. Quand il y a un imprévu, je me demande si c’est à moi que ça revient ou si je dois déléguer. Parfois, je réalise que le rôle doit être joué par le bon corps d’emploi. Il faut savoir dire : non, je n’ai pas le temps tout de suite ou je te reviens. Le gestionnaire ne peut pas être constamment dans l’action, il a besoin de s’arrêter pour réfléchir au déploiement stratégique de l’école.
Enfin, que diriez-vous à une enseignante ou un enseignant qui hésite à faire le saut à la direction?
Il m’est arrivé quelque fois de solliciter une rencontre avec un enseignant pour aborder la question. Je lui explique que j’ai vu en lui ou elle une vision pédagogique, du leadership, de la crédibilité auprès de ses pairs et un bon sens de l’organisation. Parfois, la réponse est : certainement pas. Je me dis néanmoins que la graine est semée et qu’elle germera peut-être. Je cherche avant tout le savoir-être, quelqu’un qui saura être un modèle bienveillant. L’organisation, ça s’apprend. Pour être direction, il faut avoir un niveau de maturité, se définir dans son propre regard, plutôt que dans celui des autres. Enfin, si on pose ses limites et qu’on les respecte, les autres vont faire de même.
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