Michèle Meunier, enseignante-partageante dans la classe de soutien au développement langagier (SLAN) de Naïma Kadem à l’école primaire Édouard-Laurin (Saint-Laurent), a invité ses huit élèves de 2e année au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). Pendant huit semaines, elles et ils se sont rendus sur la rue Sherbrooke pour apprendre autrement. Une telle entreprise requiert de la préparation, mais l’enseignante a pu compter sur le support d’un musée rompu à ce type d’activités, et qui compte sur des médiatrices et médiateurs culturels aguerris.
Au fil des semaines, le corpus du MBAM permet à Mme Meunier d’enseigner différentes matières (français, arts plastiques et culture et citoyenneté québécoise (CCQ)). Elle donne en exemple le tableau Le premier anniversaire de Kyle (par Kareem-Anthony Ferreira); l’œuvre présente une scène domestique à laquelle les élèves s’identifient. «La tâche d’écrire des phrases à partir d’une image devient très significative», explique Mme Meunier. Dans la salle La voûte étoilée, les jeunes esthètes sont attirés par la sculpture Cheval et cougar, de Barry Flanagan. «Comme nous parlions des soins à apporter aux chevaux en CCQ, c’était très à propos», poursuit-elle.
«Ce qui ressort de cette expérience, c’est certainement le fait que l’on ne peut pas prévoir la réaction des enfants face à une oeuvre», se souvient l’enseignante. Elle donne l’exemple d’une salle où les jeunes étaient invités à découvrir les joyeux fauteuils de Nikki Saint-Phalle. Mais tout près se trouve Femme assise sur un lit, de Georges Segal, une oeuvre qui dégage beaucoup de tristesse. «Ma collègue Susan Tang, technicienne en éducation spécialisée, et moi n’étions pas certaines de souhaiter nous attarder à cette installation complètement noire. Les élèves en ont eu une tout autre lecture; ils étaient intrigués par ce personnage et ne ressentaient pas la tristesse», indique Mme Meunier.
Au fil des rencontres, la pédagogue comprend que ce qui a le plus aidé ses protégés est d’avoir l’occasion de dessiner dans les salles. «Mes élèves ont des défis langagiers; nous avons remarqué que, malgré les talents de conteur de notre médiateur, ils suivent mieux quand ils ont un support visuel et qu’ils sont eux-mêmes en action», dit-elle.
«Au départ, Susan et moi craignions que huit sorties soient trop. Mais en fin de compte, nous y aurions bien passé quelques jours de plus. Ces journées offertes par le MBAM ont permis aux élèves de s’exprimer librement en expérimentant plusieurs médiums, et de travailler en collaboration plutôt qu’en compétition. Nos élèves en ressortent heureux, grandis et plus confiants dans leurs habiletés artistiques», conclut-elle.