En 1948, Adrien Hébert a peint la toile Au coin de Peel et Sainte-Catherine. L’œuvre, hébergée au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), capture un moment dans la vie d’un coin de rue animé de la métropole québécoise. La toile a récemment visité les écoles du Grand-Chêne (Pierrefonds) et Guy-Drummond (Outremont); CLIC s’est rendu à l’école de Pierrefonds pour voir comment s’est déroulée l’activité.
Tout au long de la journée, les classes de tous les niveaux se sont succédées pour admirer l’œuvre et en discuter avec les représentantes du Musée. Les commentaires et questions sont nombreux. Certains élèves sont surpris par sa grande taille, d’autres notent une différence entre les couleurs de l’originale et celles des copies qu’elles et ils ont consultées au cours des derniers mois. Quelques-uns se montrent sceptiques et doutent que ce soit la vraie toile. Mais, surtout, ils aimeraient bien connaître la valeur de ce tableau. Les médiatrices leur expliquent que sa valeur est inestimable et que le Musée ne pourrait pas le vendre, même à un multimillionnaire.
Les représentantes du Musée réorientent ensuite la discussion sur la toile elle-même. Elles discutent de ce qui est représenté (personnage, véhicules, vitrines des commerces, etc.) et demandent aux jeunes pourquoi les visages sont flous. Elles précisent que ce n’est pas révélateur de la paresse de l’artiste et que c’est plutôt une stratégie picturale pour traduire le mouvement, ce à quoi les élèves répondent, avec à-propos, que l’horloge est, elle aussi, imprécise, alors qu’elle ne bouge certainement pas. Seconde hypothèse : l’artiste traduit la journée grise et pluvieuse.
Au final, les élèves ont passé un bon moment ; à la question de CLIC quant à savoir s’ils étaient déjà allés au Musée, la réponse est généralement non. Aimeraient-ils s’y rendre? Certains, mais pas tous, disent oui. Et lorsque leur enseignante leur demande s’ils choisiraient le Musée ou une crème glacée… c’est le dessert qui l’emporte.
Neuf mois de préparation
Accueillir une œuvre d’art est un processus complexe. Des premiers contacts entre le Musée et le CSSMB à la fin du printemps 2024 à la visite de la toile le musée, toutes et tous ont travaillé très fort.
À l’école
Le personnel de l’école était invité à réaliser des projets (arts, français, univers social, etc.) liés à la toile. Les élèves de la classe de 3e année de la classe de Mouna Benzeguiba et Meriem Zoubair ont participé à une situation d’écriture sous le thème de Perdu au coin de Peel et Sainte-Catherine. Ceux de 6e année de la classe de Wafa Harrazi ont établi une ligne du temps entre 1900 et 2000, où 1948 apparait comme une date charnière, alors que les chevaux côtoient les motos. Les élèves de 6e année de la classe de Zoé Yamani ont imaginé le coin Peel-Sainte-Catherine, au temps des dinosaures (avec le Mont-Royal dans le rôle du volcan) et au futur, alors que la société est dominée par les robots. Enfin, les élèves du service de garde ont réalisé des bricolages où des éléments de la toile sont reproduits en trois dimensions.
Au musée
Sortir une toile du musée n’est pas une mince tâche. Il faut d’abord l’examiner minutieusement et noter toute altération. Le cadre est rangé dans un caisson où il est à l’abri des chocs et de l’acidité du bois, puis transporté dans un fourgon. Une fois à l’école, la toile est sous la surveillance constante d’un agent de sécurité. En fin de journée, elle fait comme les élèves : elle retourne à la maison. Elle se reposera au musée une journée, avant de prendre le chemin de l’école Guy-Drummond. À cela s’ajoute évidemment une tonne de formalités administratives.